Je déteste les gens
Qui dans la rue s’entassent
S’accaparant l’espace
D’un cachalot vivant
Marchent à douze de front
Piétinant les autres
Piétons
(Ah carrément ?)
(Ah, si j’étais Président…)
Il faudrait un permis
Pour circuler à pattes
Y aurait des flèches au sol
Des rétros aux épaules
Des feux stops à nos hanches
Et des clignos sur nos tétons
INES – Pourquoi sur les tếtons ?
ALBERT – Parce que c’est rigolo.
INES – Ah.
ALBERT – Donc, je disais :
J’exècre les gens qui
Dans les trains téléphonent
Dont l’idiotie résonne
Aux wagons prisonniers
Qui crient “ouais j’t’entends plus”
Quand un tunnel arrive enfin
(D’ailleurs, ce sont les mêmes, qui)
Pondent des nouveaux-nés
Exprès, pour perturber
Mes concerts acoustiques
Mes vols transatlantiques
Mes cinés romantiques
La queue chez l’épicier du coin
INES – Bah écoute, il te faudrait déménager dans un pays de vieux disciplinés, comme la Suisse… ou le Japon… ou Tournefeuille.
ALBERT – Ah non excusez-moi, Inès, mais je fonderai mon micro-état, démocratiquement dirigé par moi, Albert Dusonge.
INES – Ah bon, très bien. Alors on pourrait l’appeler l’Alberland… Ou l’Albérie ? L’Alberta, c’est déjà pris…
Peuple d’Albéristan
Que ta vie sera belle
Facile et fonctionnelle
Sous mon règne naissant
La clameur du silence
S’élèvera sur nos cantons
(INES – Heu… quoi ?!)
Serre ta droite en marchant
Baisse un peu ta musique
Fais taire tes voisins
Apprends à tes enfants
Que mon ordre public
Fait le bonheur dans leur maison
INES – Papa avait raison, tu es complètement de droite !
ALBERT – Je ne suis pas de droite, je suis RIGIDE.
INES – Ça te fatigue pas, à la longue, de détester tout le monde, comme ça ?
ALBERT – Presque tout le monde.
INES – Y a des exceptions ?
ALBERT – Oui, je crois…
Je tolère les gens
Qui apprennent et s’excusent
Dont la bonté infuse
La beauté souvent
Sont plus faciles à vivre
Que moi, va savoir comment…
INES – Aha, ça te fait complexer !
J’envie un peu les gens
Qui parfois trop s’écoutent
J’aime les gens qui doutent –
Pas trop, après c’est chiant !
Les plus gentils que moi
Me touchent mais globalement… (bah vas-y, dis-le)
Je déteste les gens (voiiilà…)
Je déteste les gens (c’est bien, laisse tout sortir)
Je déteste les gens, les gens, les gens
(Moi aussi je déteste les gens ! Tous les cons qui s’arrêtent pour lire leurs textos EN HAUT des escalators !)
Je me souviens pourtant
Dans le soir qui s’écoule
D’un regard dans la foule
Discret mais rassurant
Tendre avec son prochain
Il s’appelait… ça me revient…
Depuis la nuit des temps
Que les hommes m’irritent
Je déteste les gens
Mais toi, c’est différent
Quand nos yeux se croisaient
Ma colère s’envolait… soudain
Ton regard m’observait
Moi je te souriais… pour rien